Lycée Bugeaud Alger…élève Albert Camus
Albert Camus a fait ses études secondaires au lycée Bugeaud à Alger.
« Toi, dit M. Bernard à Jacques, va voir dans la rue si j’y suis. Vous comprenez, dit-il à la grand-mère, je vais dire du bien de lui et il est capable de croire que c’est la vérité… » Jacques sortit, dévala les escaliers et se posta sur le pas de la porte d'entrée. Il y était encore une heure plus tard, et la rue s’animait déjà, le ciel à travers les ficus virait au vert, quand M. Bernard déboucha de l’escalier et surgit dans son dos. Il lui grattait la tête. « Eh bien ! dit-il c’est entendu. Ta grand-mère est une brave femme. Quant à ta mère…Ah ! dit-il, ne l’oublie jamais. » (p.152)
Lorsque (…) le lourd véhicule quitta l’arrêt de Belcourt, il se retourna pour essayer d’apercevoir, à quelques mètres de là, sa mère et sa grand-mère, penchées à la fenêtre, pour l’accompagner encore un peu dans ce premier départ vers le mystérieux lycée… (p.185)
Albert Camus Le premier homme
(documents en fin d’article)
Je n’ai pu résister à découvrir et vous faire connaître l’histoire du
Pour cela je laisse la parole à Francis Curtés et Édouard Pons en leur page,
http://lycee-bugeaud.fr/documents/pages_liees/21_histoire_lycee_pons.htm dont je vous livre quelques extraits…mais n’hésitez pas à lire la totalité si cette histoire vous intéresse.
Le vieux bahut - Les origines remontent en 1833, au tout début de l’occupation française. Après la conquête, le besoin s’est rapidement fait sentir de pouvoir donner aux quelques enfants des français installés à Alger (militaires, fonctionnaires) un enseignement sur place leur évitant d’avoir à se séparer de leurs parents pour suivre des études en métropole. D’où l’ouverture d’un petit établissement privé, l’école Galtier, qui sera à l’origine du Collège communal, installé en octobre 1833 rue du Sagittaire, puis dès 1835 dans une maison mauresque, rue des Trois Couleurs, à l’angle de la rue Jenina. Le Collège comptait à cette date 37 élèves dont un seul interne, qui logeait chez le Principal, M.Barthèlemy. On y donnait un enseignement de la 8ème à la 3ème.. Mais le local se révéla vite trop petit, et un internat fut créé.
On décida alors en 1837 le transfert du Collège dans une ancienne caserne de Janissaires, située rue Bab-Azoun.
Le collège ouvrit donc en 1837, et la première distribution des prix eut lieu le 7 août 1838, cérémonie officielle avec participation de la fanfare du 1 1ème de Ligne.
Il deviendra Lycée en 1848, avec comme proviseur M.Broca. Les élèves y étaient en uniforme, le rythme des activités était donné par des roulements de tambour…
(…)
Le 23 juillet 1860, l’empereur Napoléon III signa un arrêté autorisant les travaux de construction du nouveau Lycée d’Alger, et les travaux de construction commencèrent dès 1861.
En 1868 le lycée Bab Azoun fermera donc définitivement ses portes. Il sera bientôt démoli. Quelques vestiges, inscriptions, colonnes, céramiques, seront recueillis, en particulier au Palais d’Eté. Avec lui disparaîtra un intéressant vestige du vieil Alger. Mais son souvenir restera longtemps vivace dans la mémoire des anciens lycéens pour lesquels il restera « le vieux bahut ».
Le Lycée de Bab-el-Oued, futur Lycée Bugeaud - Nous sommes à l’opposé de la porte Bab-Azoun où était l’ancien lycée. Dans le prolongement de la rue Bab Azoun et de la rue Bab-el-Oued se trouvait, du côté nord de la ville, la porte Bab-el-Oued (…) L’architecte Claudel, qui avait vu grand, avait dressé un plan ambitieux (…) le Lycée est un monument imposant dont l’aspect n’a guère changé depuis sa création (…) belle façade à arcades est interrompue en son milieu d’un majestueux escalier au haut duquel s’ouvre la grande porte (…) niveau principal, organisé autour de trois grandes cours rectangulaires. Une fois franchie une nouvelle porte, on entre dans la cour principale bordée de bâtiments à arcades à deux étages. Dans l’aile du fond s’ouvre la chapelle au deuxième étage.
L’importance et la valeur de l’enseignement qui y était dispensé fut très vite reconnu au niveau national : dès 1880 le Lycée d’Alger devenait lycée de 1ère classe, et en 1919 lycée hors classe. Comme grand lycée colonial, il reçut comme élèves des enfants de rois ou chefs de tribu africains (Sénégal, Soudan), ou asiatiques (annamites). Il reçut aussi en 1916 les réfugiés serbes débarqués en Algérie.
Sous la direction de Proviseurs souvent remarquables … les maîtres les plus brillants se succédèrent dans l’établissement, aussi bien dans le vieux bahut que dans le nouveau lycée. Il serait vain de vouloir les citer tous (Georges Aymé, physicien et océanographe, spécialiste de la Méditerranée Jean Grenier)
Avec de tels maîtres comment s’étonner de la réussite de l’établissement ? De la foule d’élèves ayant fréquenté le Lycée, combien ont connu une brillante réussite. Là encore on ne peut donner que quelques exemples
Deux prix Nobel :
Albert Camus (1913-1960), né à Mondovi, Prix Nobel de littérature en 1957.
Claude Cohen Tanoudji Prix Nobel de Physique en 1997
D’autres élèves prestigieux :
Charles de Galland (Douéra 1851- Alger 1923) professeur de lettres (1880-91), maire d’Alger de 1910 à 1919. Il a écrit en 1889 une « Histoire du Collège et du Lycée d’Alger ».
René Viviani (1863-1925), né à Bel-Abbès, député socialiste, fondateur de l’Humanité avec Jaurès, ministre du travail
Alphonse Juin (1888-1967), né à Bone, major de Saint Cyr en 1912 (dans la promotion de De Gaulle), commandant le CEF en Italie, Résident Gal de France au Maroc (1947-5 1), Maréchal de France en 1952, commandant la zone Centre Europe de l’OTAN jusqu’en 1956, Académie Française.
Paul Charles Jules Robert, lexicographe et éditeur, père du dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française et du « Petit Robert » (1910/1980)
Des académiciens : Académie Française : Pierre Benoît en 1932 , Mal Juin ; Académie des Sciences Louis Gentil) etc..
Les nombreux succès aux grandes écoles : Polytechnique, Centrale, Normale Sup., Ecole Nale d’Agriculture, Ecoles supérieures de Commerce, d’Industrie, Saint Cyr.
Les hommes politiques …
La liste serait inépuisable.
Quand on lit un ouvrage paru récemment sur « les lycées français du soleil », dans la liste succincte des anciens élèves connus de Bugeaud, que lit-on ? Sans doute y figure Albert Camus, (et) on aura la satisfaction d’y voir apparaître les noms de Guy Bedos, Roger Hanin, Alexandre Arcady, Benjamin Stora …
( source Francis Curtés et Édouard Pons)
J’ai trouvé dans mes revues de « L’Algérianiste » le n°75 de septembre 1996 qui rend compte d’une conférence donnée en 1992 à Aix en Provence « L’enseignement en Algérie en 1962 » Des documents sont annexés dont
Distribution des prix du 5 juillet 1933
Extraits du Palmarès
… khâgne est le surnom qui fut donné en raillerie à ces classes préparatoires, par les élèves préparant les écoles militaires …Le terme désigne plus précisément la deuxième année qui, officiellement Première Supérieure, était autrefois la seule qui existait. La première année (officiellement Lettres Supérieures), qui s'est intercalée entre la terminale et la Première Supérieure, fut baptisée hypokhâgne (du grec hypo, « en-dessous ») (source Wikipedia)
Albert Camus y est cité à plusieurs reprises :