...j'avais rêvé la vie (A.Camus)
Comme cette fleur naissante qui s’élance vers le ciel d’hiver, si fragile et altière…
Albert Camus nous offre cette phrase vibrante d’émotion… profonde et sublime…longue comme un cri muet qui n’en finit pas…
« Comme ces voix sans sexe qui dans les cathédrales montent d’un trait jusqu'aux plus hautes voûtes tandis que la masse obscure du cœur se tait pour donner plus de prix à cette flèche ardente, comme ces voix dont la supplication se tend désespérément, sans une défaillance, jusqu’à la mort finale, comme ces voix mystiques qui se grisent de leur mysticisme et oublient les dômes qui les séparent de Dieu, comme ces voix tenaces et soutenues, avides et extasiées, comme ces plaintes orgueilleuses qu’on ne comprend que dans la sensualité de l’Eglise, comme ces voix enfin qui ne trouvent pas en cherchant mais en se donnant,
j’avais rêvé la vie. »
Premiers écrits, La Maison mauresque, OCI, p.968
Texte et photo source « Albert Camus, solitaire et solidaire »de C.Camus