Evocation d'Albert CAMUS

Publié le par Dominique Beretti

« Je suis né pauvre et sans religion sous un ciel heureux… » (Albert Camus)

DSCF6929 15ans

Escale sur le passé, ode à la mer…


Je suis née au sud de la Méditerranée …dans une ville sous la neige…
« Perchée sur un rocher au dessus des gorges du Rummel, Constantine fait penser à Tolède…
Constantine a un pont suspendu où l’on se fait photographier. Les jours de grand vent, le pont se balance au-dessus des profondes gorges du Rummel et on y a le sentiment du danger.»


…mais j’ai grandi à Alger, berceau de ma famille et de mon enfance…
« La douceur d’Alger est plutôt italienne…
Ce qu’on peut aimer à Alger, c’est ce dont tout le monde vit : la mer au tournant de chaque rue, un certain poids de soleil, la beauté de la race.»

(Albert Camus -L’Eté- (Guide pour les villes sans passé 1947) - Noces (L’été à Alger)


Les années d’enfance y furent courtes et les souvenirs heureux, volés à la folie des hommes et du monde. Je n’ai retenu que de rares escapades non loin de la ville où j’ai quand même eu le droit de connaître un peu de cette nature grandiose qui nous entourait. Et si ma mémoire ne se souvient pas de Tipasa et de Djemila en 1954, c’est bien la mer qui a laissé en moi l’empreinte la plus forte…une caresse bleue et limpide sur mes jeux d’enfants dans la nature odorante de l’été,


DSCF6946 devant le chenoua 
                            Constant Louche      Devant le Chenoua       Huile sur toile, 36x120, coll.part.

« …l’incessante éclosion des vagues sur le sable me parvenait à travers tout un espace où dansait un pollen doré. Mer, campagne, silence, parfum de cette terre, je m’emplissais déjà d’une vie odorante et je mordais dans le fruit déjà doré du monde, bouleversé de sentir son jus sucré et fort couler le long de mes lèvres. Non, ce n’était pas moi qui comptais, ni le monde, mais seulement l’accord et le silence qui de lui à moi faisait naître l’amour.»

(Albert Camus - Noces à Tipasa)

Puis les vents impérieux m’ont poussé vers d’autres rivages m’arrachant à ceux qui m’avaient vu naître. Moi qui insouciante enfant, n’avait jamais imaginé partir pour toujours de l’autre côté.
« J’ai grandi dans la mer et la pauvreté m’a été fastueuse, puis j’ai perdu la mer, tous les luxes alors m’ont paru gris, la misère intolérable .»
(Albert Camus -L’Eté- (La mer au plus près 1953)

Jeune encore j'ai découvert Albert Camus...
Noces et l’Eté, ô combien de fois lus avec émotion et presque religieusement…le retour au Tipasa de mon subconscient, l’impossible retour réel décrit avec tant d’amour et de poésie brûlante, cher auteur... qui racontait enfin ce dont mes yeux ne se souvenaient pas : Tipasa, que j’avais parcouru aux bras de ceux, qui eux aussi, aimaient ces lieux…
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M
<br /> Félicitations !<br /> Votre idée de Camus serti dans la mer à midi est étincelante et donne envie de le relire .<br /> Merci<br /> MD<br /> <br /> <br />
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T
<br /> C'est tout simplement beau et émouvant!!!!....<br /> Frédérique TADDEI-NGEA<br /> <br /> <br />
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